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Améliorer sa pratique thérapeutique grâce à la Théorie Polyvagale

 

« Être un thérapeute polyvagal-informé c’est savoir ce qui se passe dans notre propre système nerveux, en tant que thérapeute, mais également dans le système nerveux autonome de nos patients. »

 

Dans les deux précédents articles, nous avons abordé la Théorie Polyvagale (TPV) sous un angle individuel et personnel, en voyant notamment comment elle pouvait nous aider dans nos relations aux autres et notamment aux enfants. Voyons aujourd’hui ce que la TPV peut nous apporter en tant que psychothérapeute.

Rappelons pour commencer que la TPV n’est pas une thérapie mais une théorie, comme peut l’être par exemple la théorie de l’attachement de Bowlby. À ce titre, je pense que chaque psychothérapeute devrait être polyvagal-informé tout comme il devrait être attachement-informé ou trauma-informé.

Être polyvagal-informé c’est savoir ce qui se passe dans notre propre système nerveux, en tant que thérapeute, mais également dans le système nerveux autonome de nos patients ou clients.

La TPV pour nous aider en tant que thérapeute

En tant que thérapeute, il est fondamental de savoir où l’on se situe au regard de notre système nerveux. Deb Dana illustre d’ailleurs le système nerveux autonome sous la forme d’une échelle :

  • Le bas de l’échelle correspond au dorsal, à l’effondrement, la déconnexion, l’immobilisation : il n’y a pas de solution immédiate, pas de perspective. En bas de l’échelle, le haut de l’échelle nous semble inaccessible.
  • Le milieu de l’échelle c’est le mode sympathique. On ne peut que monter dans la sécurité du ventral ou descendre dans le dorsal. Il y a du mouvement, de l’énergie.
  • Le haut de l’échelle correspond au ventral qui nous apporte de la perspective. En haut de l’échelle, on voit ce qui se passe autour de nous, on peut voir les choses venir. Nous y sommes tranquilles et en connexion avec les autres.

Il est donc essentiel de se poser cette question. « À quel endroit est-ce que je me situe sur mon échelle ? ».

Par exemple, il vous arrive peut-être de vous situer en bas de l’échelle, sans énergie, déconnecté·e, dissocié·e, avec l’envie de disparaître : « Je ne sais pas quoi faire avec le patient en face de moi, je n’ai plus de solution, j’ai tout essayé ! » Et c’est normal, cela arrive. Nous, thérapeutes, sommes aussi des êtres humains, avec nos propres difficultés, notre propre vulnérabilité.

Savoir que l’on se trouve dans un état dorsal va nous aider à mettre des mots sur ce que l’on ressent et trouver des solutions plus rapidement pour retrouver la sécurité du Ventral.

On va suivre la hiérarchie du Système nerveux (Deb Dana en a reparlé dans sa dernière Masterclass, accessible en replay). Pour sortir d’un état dorsal, il nous faut passer par le Sympathique pour revenir dans le Ventral et se sentir en sécurité. Et ainsi être pleinement présent pour notre patient.

Quand on commence à prendre conscience de son état et que l’on sait comment remonter le long de l’échelle, alors on va pouvoir y naviguer de manière beaucoup plus souple. Évidemment, c’est un travail qui est personnel à chacun. Nous pouvons donc réfléchir aux actions, pensées, objets qui nous aident à remonter le long de l’échelle pour retrouver de la mobilisation sympathique lorsque l’on se trouve en bas de l’échelle dans un état dorsal, ou pour revenir dans un état ventral, régulé, lorsque l’on est dans un état sympathique.

Winnicott évoquait « la mère suffisamment bonne ». En tant que thérapeute on doit être suffisamment bon comme une mère doit être suffisamment bonne. Accompagner ses patients depuis un état sympathique n’est pas vraiment adapté. Pourtant, se (re)connaître dans ce mode est essentiel. Être un thérapeute suffisamment bon ne veut pas dire être tout le temps dans le ventral, ce n’est d’ailleurs pas possible. Mais en connaissant bien notre système, on va pouvoir revenir beaucoup plus vite à un état de sécurité et de connexion.

 

La Théorie Polyvagale pour accompagner nos patients ou clients

Cette échelle, on peut également aussi l’utiliser avec notre patient : où se situe-t-il, lui ? Et comment puis-je l’aider, moi, en tant que thérapeute ?

L’échelle de Deb Dana illustre parfaitement cette hiérarchie du Système Nerveux, l’un des principes d’organisation de la Théorie de Stephen Porges. Deb Dana nous apprend que l’on ne peut pas passer du dorsal au ventral sans transiter par le sympathique. Et passer par le sympathique, c’est essentiellement mettre du mouvement.

Si on voit chez l’autre de la dissociation, de l’effondrement, alors qu’est-ce qui va l’aider à se reconnecter à l’énergie du sympathique pour qu’il ou elle parvienne, tout doucement, à remonter vers le ventral ? Il peut s’agir de mouvements ou d’émotions, de pensées, d’actions…

Que peut-on explorer avec le patient ? Par exemple, quels sont les moments où il ou elle se situe dans le ventral ? Pas forcément des moments, extraordinaires. Il suffit, comme le dit Deb Dana, de « micro-moments de ventral » ou de quelques « lueurs ». C’est ce que l’on veut faire appréhender au patient, afin qu’il retrouve de plus en plus vite et de plus en plus fréquemment la sécurité du Ventral.

En tant que thérapeute, peu importent les outils que nous avons choisi d’utiliser, que ce soit les TCC, l’EMDR, la psychologie énergétique ou encore la thérapie par la parole : en y ajoutant une touche de compréhension polyvagale, nous donnons beaucoup plus de force à notre pratique thérapeutique.

Alors, est-ce que vous aussi vous avez envie de devenir polyvagal-informé·e ?

Dans le prochain article, nous parlerons de comment s’approprier la TPV.

 

Série d’articles « La Théorie Polyvagale au quotidien » par Florence Bernard.

Pour aller plus loin :