Devenez ami·e avec la Théorie Polyvagale
"La TPV « normalise » et nous reconnecte à notre humanité commune car nous avons tous un système nerveux autonome qui fonctionne de manière identique."
La Théorie Polyvagale, qu’on appelle aussi TPV a été élaborée par Stephen Porges, neuroscientifique et professeur de psychiatrie américain.
La TPV nous aide notamment à comprendre les réactions émotionnelles et comportementales que nous avons dans certaines situations, lorsque l’on se sent en sécurité ou à l’inverse lorsque l’on se sent en danger, voire en danger mortel. Et surtout à prendre conscience de notre sentiment de sécurité ou d’insécurité car cela n’est pas toujours si évident pour nous.
Lorsque nous nous sentons en sécurité, nous éprouvons du bien-être, de l’empathie, de la joie, de l’apaisement, de la créativité et nos capacités d’apprentissage et de connexion aux autres sont maximales. Il nous est alors bien plus aisé de développer notre plein potentiel et d’utiliser nos ressources cognitives, comportementales, émotionnelles et relationnelles.
À l’inverse, en cas de difficultés, notre système est orienté vers la survie, la vigilance, nous ressentons de la tension, de la nervosité, de la peur ou de la colère. Nous avons un accès plus limité à nos ressources, voire plus aucun accès lorsque nous sentons que notre vie est en danger… Nous nous figeons, nous dissocions, nous cherchons à disparaître.
La TPV est aujourd’hui devenue incontournable pour tout thérapeute qui veut accompagner les personnes en souffrance, notamment les personnes victimes de traumas. Mais elle l’est aussi pour ces personnes en souffrance qui peuvent y trouver un intérêt, notamment en cas de stress post-traumatique, d’anxiété généralisée, de dépression ou de troubles dissociatifs, afin de comprendre et avoir plus de possibilités pour faire face et retrouver notre équilibre psychique. Et elle l’est pour tous, au quotidien…
Qu’est-ce que la Théorie Polyvagale apporte de nouveau ?
Très vite, lorsque Stephen Porges a présenté la théorie polyvagale au monde de la psychologie, le lien s’est fait entre ce qu’il décrivait du fonctionnement du Système Nerveux Autonome et ce que les psychiatres, psychologues et thérapeutes rencontraient dans le cadre de leur pratique.
Mais au-delà de l’application à la psychologie et à notre monde intérieur, ce sont nos relations avec nous-même, les autres et le monde en général qui ont été transformées par cette théorie.
, en comprenant la TPV vous ne serez plus en relation avec les autres de la même manière et cela vaut aussi bien en tant qu’accompagnant (psychologue, thérapeute, médecin, coach…), qu’en tant qu’être humain. Cela est tout simplement vrai pour toute personne ou être vivant en relation avec un autre… Pour tous, y compris les animaux !
Les études de Stephen Porges ont permis de mieux comprendre le fonctionnement du système nerveux autonome et notamment le rôle du nerf vague, mettant à jour deux branches du nerf vague, une ventrale et une dorsale et remettant le corps, au cœur de notre expérience humaine.
Pendant longtemps (et encore aujourd’hui !), il a existé une forme de suprématie du cerveau pensant (le système nerveux central, SNC), le fameux « Je pense donc je suis » de Descartes. Stephen Porges nous invite plutôt à dire « Je sens donc je suis ». Et en disant cela, Il redonne sa place au ressenti et par là même au système nerveux autonome (SNA).
Le SNC (cerveau du haut comme le nomme François Le Doze) transmet des informations au SNA (cerveau du bas) mais ce dernier envoie également des informations au SNC. Et contrairement à ce que l’on a pu croire, il y a plus d’informations qui remontent du corps vers le cerveau que du cerveau vers le corps : 80 % des informations remontent vers le cerveau et seulement 20 % descendent vers le corps par l’intermédiaire du Nerf vague.
On peut donc dire que le SNA décide beaucoup plus que le SNC, même si on pense l’inverse : eh oui , c’est le corps qui décide ! C’est lui qui décide si on est en sécurité ou pas, si on doit rester ou si on doit partir, si on doit se battre ou rester immobile…
Le corps décide, pas le système nerveux central : c’est la révolution amenée par la TPV !
Pourquoi il est important pour nous, de connaître la Théorie Polyvagale, à un niveau personnel ?
La TPV nous permet de mieux nous comprendre… Et d’être beaucoup plus indulgent avec nous-même.
Souvent, on se sent trahi par notre corps et on le déteste. On n’est pas content de la manière dont on réagit, on ne comprend pas forcément pourquoi on réagit comme cela. Pourtant, quand on commence à comprendre que notre système nerveux autonome est au service de notre survie, et à accepter qu’il fait ce qu’il peut pour essayer de nous sortir de situations qui peuvent nous paraître dangereuses ou inconfortables, on retrouve une relation à soi qui est beaucoup plus calme, beaucoup plus tranquille.
On devient beaucoup plus indulgent et plus compassionnel avec soi-même. On déculpabilise!
Souvent on a tendance à se dire : « J’aurais dû réagir comme ça » ou « Je n’aurais pas dû m’énerver ». On s’en veut. Mais quand on prend conscience que c’est notre système nerveux autonome qui agit, pour nous maintenir en vie et qu’on entend son message d’alerte “tu es en insécurité” ou “ce qui se passe est dangereux pour toi”, alors on se sent beaucoup moins coupable et on peut même avoir de la reconnaissance pour notre corps qui a réagi de cette manière (ou n’a pas réagi).
Enfin , ce qu’il faut retenir, c’est que la TPV « normalise » et nous reconnecte à notre humanité commune. On a tous un système nerveux autonome qui fonctionne de manière identique. Et c’est aussi en cela, que la TPV est vraiment transformatrice pour chacun d’entre nous.
À titre personnel j’ai appris à me connaître et me comprendre autrement grâce à la Théorie Polyvagale, j’ai appris de nouvelles façons de m’autoréguler ou d’aller chercher de la corégulation et à offrir moi-même de la corégulation aux autres.
J’ai également appris à accueillir mes dysrégulations. Vous savez, ces moments où l’on s’effondre, où l’on n’est pas bien, où l’on a juste envie de se mettre sous la couette, de ne plus voir personne… Ce sont simplement des réactions du système nerveux autonome. Vous pouvez apprendre à les vivre de manière beaucoup plus sécure. À force, elles vont durer moins longtemps et vous ne ressentirez plus cet état proche du « Je ne m’en sortirai jamais ».
La TPV amène donc énormément d’espoir, d’indulgence et permet de revenir à des états régulés beaucoup rapidement. Mais au-delà du plan personnel, elle aide aussi dans la relation aux autres. La relation à son conjoint, à ses parents, à ses enfants, à ses amis.
Dans le prochain article, nous parlerons de corégulation et de relations aux autres.
Série d’articles “La Théorie Polyvagale au quotidien” par Florence Bernard.
Pour aller plus loin :
- Ancré de Deb Dana, paru aux éditions Quantum Way.
Un livre nécessaire dans lequel Deb Dana vous guidera le long des voies autonomes, pour comprendre votre système nerveux, pour mieux en prendre soin et savoir mieux faire face aux épreuves de la vie. Un livre pour se lier d’amitié avec son système nerveux, grâce à la Théorie Polyvagale.
- Nombreuses ressources sur notre site internet et sur notre plateforme d’e-learning : blog, livres, programmes, congrès et Masterclasses.