Thérapies & Trauma 6mn
le jeudi 23 octobre 2025

Retrouver la sécurité par le regard : la réponse d’orientation selon Linda Thai

Découvrez comment Bessel van der Kolk définit le trauma et la mémoire traumatique et pourquoi les classifications psychiatriques doivent évoluer.

Avant que les signaux de peur ne nous envahissent, nos sens se tournent vers l’environnement pour y rechercher des indices de sécurité ou de danger. Dans son programme Stratégies de régulation du système nerveux et pratiques somatiques, Linda Thai montre comment relâcher la tension des globes oculaires et mobiliser la réponse d’orientation pour réduire l’anxiété, les ruminations, les débordements émotionnels et la surcharge cognitivo-émotionnelle liée aux traumas.

Avant la peur : la neuroception et la réponse d’orientation

La neuroception c’est le “radar” automatique du système nerveux qui évalue en continu si nous sommes en sécurité ou en danger :

◆ Quand les signaux de sécurité sont suffisants, le frein vagal ventral est engagé : on respire mieux, on pense clairement, on peut se relier aux autres.

◆ Si quelque chose paraît incertain, le système passe d’abord par une phase d’alerte : il s’oriente, cherche des repères ; parfois il y a de l’agitation. Cette étape permet encore de revenir à la sécurité si l’environnement est rassurant.

◆ Si la menace persiste ou s’intensifie, le frein vagal se relâche : le corps se mobilise (cœur plus rapide, muscles prêts à agir pour combattre ou fuir). L’axe HHS s’active (réponse au stress), les circuits émotionnels prennent le dessus et le cortex préfrontal est moins disponible : nos réponses deviennent plus automatiques (combattre ou fuir).

◆ Si la menace est extrême ou inévitable, on peut ensuite basculer vers le vagal dorsal (fermeture/effondrement).

 

 

Or, la sécurité est d’abord extérieure (ce qui nous entoure) tandis que le sentiment de sécurité est intérieur : c’est ce que nous ressentons lorsque la sécurité intègre notre système nerveux. Chez beaucoup de survivants de trauma, un fossé persiste entre les deux.

Bonne nouvelle : s’orienter (se repérer) avec les yeux, puis avec le corps, peut aider ce sentiment de sécurité à venir s’inscrire dans le corps. L’enjeu clinique est là : si l’on manque la phase d’orientation, on bascule plus vite dans la défense ; si on la soutient, on conserve la capacité d’observer la situation et de choisir une réponse adaptée.

Court-circuiter la réponse de stress grâce aux yeux

Le sympathique (combat/fuite/figement) et le parasympathique influencent les yeux et les schémas de tension autour des yeux. Quand nous fixons trop intensément, la vision périphérique se rétrécit, la mâchoire se tend, la voix durcit ; le monde paraît proche, bruyant, menaçant. À l’inverse, des yeux “doux” relâchent la fixation, élargissent le champ, assouplissent voix et visage : l’engagement social redevient possible.

Le thérapeute peut offrir ces signaux de sûreté : poser un regard doux, ralentir les micro-mouvements des sourcils et des paupières. Beaucoup de survivants de traumas complexes confondent crainte et enchantement : la nouveauté, même belle, peut être perçue comme trop intense. D’où l’importance d’un regard qui apaise et d’un environnement qui aide à s’orienter.

Une mini-pratique guidée (1 minute) : relâcher la tension des yeux

Objectif : relâcher la tension des globes oculaires pour permettre au système nerveux de retrouver un sentiment de sécurité.

En pratique : regardez l’horizon (ou un point lointain). Laissez les yeux s’adoucir comme si vous élargissiez la vision périphérique. Amenez doucement votre attention vers la zone derrière les yeux, derrière la tête. Notez ce qui change (souffle, tonus, voix).

Terminez en nommant un micro-changement : respiration qui s’allonge, épaules qui se déposent, voix qui se pose, sensation d’espace. Ce repère subjectif indique que l’intégration commence.

 

Et si réguler son système nerveux était la clé du bien-être ? Avec Linda Thai, apprenez à mieux comprendre votre système nerveux et à le réguler pour retrouver une vie plus équilibrée, notamment après des traumas.

 

Comment canaliser l’énergie ?

Au palier de l’alerte, le corps peut partir dans deux directions :

◆ Chercher-trouver : une exploration orientée pour repérer ce qui rassure (couleurs, formes, sons lointains, points d’appui).

◆ Gesticuler-bouger : une agitation sans objet qui entretient la charge sympathique.

 

L’idée n’est pas de “supprimer” l’énergie, mais de lui donner une tâche utile :

◆ S’orienter : repérer trois objets au loin, trois sons lointains, puis sentir trois appuis (sol, dossier, accoudoir).

◆ Revenir à l’environnement quand l’esprit se met à ruminer : reposer le regard au lointain, puis revenir au mi-champ et seulement ensuite à ce qui est proche.

◆ Dosage : quelques secondes suffisent pour garder le préfrontal en ligne. On reste présent sans basculer dans l’anticipation anxieuse.

Ce glissement de “tripoter-bouger” à “chercher-trouver” est souvent ce qui fait baisser l’anxiété et les ruminations, car le système obtient l’information sensorielle qui lui manquait : “Où suis-je, maintenant, et qu’est-ce qui me soutient ?”

Quand s’orienter est difficile : créer des ponts vers la sûreté ressentie

Beaucoup de personnes ne “voient” qu’à 30 ou 50 centimètres : écran, visage proche, détail menaçant. En conséquence, commencer par fixer l’horizon peut sembler trop éloigné. Dans ce cas, on apporte l’objet regardé, puis on élargit par paliers : proche → mi-champ → lointain. On associe le souffle pour soutenir l’inspiration (le nerf phrénique innerve le diaphragme). Une inspiration plus aisée crée souvent l’espace nécessaire à l’orientation.

Avec des profils hypervigilants, on travaille d’abord l’environnement : éclairage doux, bruits prévisibles, posture du thérapeute calme. On s’autorise des micro-pauses d’orientation, plusieurs fois, plutôt qu’un long exercice unique. Et on valide ce qui se passe : “Votre système s’oriente ; s’il vous ramène au champ visuel proche (vos mains, la table, l’écran), c’est pour préserver la sécurité.” La validation réduit la honte et la peur des “mauvais élèves” dysrégulés, pour ouvrir la voie à des essais plus souples.

 

Si la neuroception évalue en toile de fond les signaux de sécurité et de danger, sa première mise en acte est la réponse d’orientation : le regard se place, le corps se repère. En relâchant la tension des globes oculaires et en favorisant l’exploration pour repérer ce qui peut rassurer, on envoie au système nerveux des indices de sécurité qui recalibrent la neuroception du côté de la sûreté tout en offrant des appuis simples pour rester présent et ancré.

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