La gentillesse – Rick Hanson
Par Rick Hanson
De quoi avez-vous besoin ?
La pratique :
Etre gentil avec toi, c’est être gentil avec moi ; être gentil avec moi, c’est être gentil avec toi.
Pourquoi ?
J’ai l’habitude de décrire une pratique comme quelque chose à faire : se mettre en retrait, percevoir l’être derrière le regard, accueillir le bon, etc. Cette pratique est différente : c’est quelque chose à reconnaître. Cette pratique est différente : c’est quelque chose à reconnaître. Cette reconnaissance sera suivie d’une réaction adaptée. Je m’explique.
Il y a quelques années, j’ai été invité à donner un discours lors d’une conférence à laquelle j’ai été confronté au plus grand nombre de participants que j’ai jamais eu. C’était un grand pas en avant pour moi. Des psychologues légendaires étaient présents sur les autres conférences, et je craignais de ne pas être à la hauteur. J’étais nerveux. Vraiment nerveux.
Je me suis assis à l’arrière en attendant mon tour, m’inquiétant de la façon dont les gens allaient me voir. J’ai réfléchi à la meilleure façon de faire une super impression et d’obtenir l’approbation du public. Mon esprit était fixé sur moi, moi, moi. Je me sentais pitoyable.
Puis j’ai commencé à lire une interview du Dalaï Lama. Il parlait du bonheur de souhaiter le meilleur aux autres. Une vague de soulagement et d’apaisement m’a envahi lorsque j’ai compris que la chose la plus gentille que je pouvais faire pour moi était d’arrêter d’être obsédé par “moi” et d’essayer plutôt d’être utile aux autres.
J’ai donc fait mon exposé et je suis restée concentré sur ce qui pouvait être utile aux gens plutôt que sur ma façon de me présenter. Je me suis senti beaucoup plus détendu et en paix – et à la fin, les gens se sont levés pour m’acclamer. J’ai ri de l’ironie de la situation : pour obtenir la reconnaissance, cessez de la rechercher ; pour prendre soin de vous, prenez soin des autres.
Ce principe est valable dans la vie de tous les jours, pas seulement dans les conférences. Si vous ressentez quelque chose pour les autres et que vous éprouvez de la compassion pour eux, vous vous sentirez mieux vous-même. Dans une relation, l’un des meilleurs moyens de satisfaire vos propres besoins est de prendre un maximum de responsabilités raisonnables (ces mots sont soigneusement choisis) pour satisfaire les besoins de l’autre personne. En plus d’être bienveillant – ce qui est agréable en soi – c’est votre meilleure stratégie pour être mieux traité par les autres. Cette approche est le contraire d’une attitude de paillasson ; elle vous place dans une position plus forte.
Dans l’autre sens, c’est également vrai : la gentillesse envers vous-même est une gentillesse envers les autres. À mesure que votre propre bien-être augmente, vous êtes plus à même d’être patient, de soutenir les autres, de leur pardonner et de les aimer. Pour prendre soin des autres, vous devez prendre soin de vous-même, sinon vous commencez à tourner à vide. En développant le bonheur et d’autres forces intérieures en vous, vous avez davantage à offrir aux autres.
La gentillesse pour vous, c’est de la gentillesse pour moi ; la gentillesse pour moi, c’est de la gentillesse pour vous. C’est une véritable – et magnifique – rue à double sens.
Comment ?
La gentillesse envers les autres et envers vous-même dont je parle ici est authentique et proportionnée, pas exagérée ou inappropriée.
Dans les situations ordinaires, prenez un moment ici et là pour reconnaître que si vous vous ouvrez à la compassion, à la bienséance, à la tolérance, au respect, au soutien, à l’amabilité ou même à l’amour des autres… c’est bon pour vous aussi.
Voyez les conséquences des petites choses. Par exemple, plus tôt aujourd’hui, dans un aéroport, j’ai vu un sac par terre et je ne savais pas s’il avait été laissé par quelqu’un. En pensant à cette pratique, il était naturel que mon visage affiche une certaine amabilité lorsque j’ai demandé à l’homme devant moi si c’était son sac. Il a d’abord été surpris et a eu l’air de se sentir critiqué, puis il m’a regardé plus attentivement, s’est détendu un peu et a dit que le sac était celui de son ami. Sa réaction devant ma gentillesse m’a permis de me sentir à l’aise au lieu d’être gêné ou tendu.
Imaginez les préoccupations ou les souhaits de l’autre personne et faites ce que vous pouvez – le plus facilement et naturellement – pour en tenir compte. Voyez ensuite comment cela se passe pour vous. Probablement mieux que cela n’aurait été le cas.
Voyez aussi comment le fait de prendre soin de vous a des effets d’entraînement positifs sur les autres. Faites délibérément une petite chose qui vous nourrit – un peu de repos, de l’exercice, du temps pour vous – puis remarquez comment cela affecte vos relations. Remarquez comment des limites saines dans vos relations vous aident à éviter de vous épuiser ou de vous mettre en colère et d’avoir finalement besoin de vous retirer.
En fait, vous faites de petites expériences et vous laissez les résultats s’imprégner. C’est la partie la plus importante : laisser pénétrer en vous le fait que nous sommes profondément liés les uns aux autres. Aider les autres vous aide ; s’aider soi-même aide les autres. De même, faire du mal aux autres vous fait du mal ; se faire du mal à soi-même fait du mal aux autres.
C’est comme si nous étions connectés dans une vaste toile. Pour le meilleur ou pour le pire, ce que vous faites aux autres se répercute sur vous ; ce que vous vous faites à vous-même se répercute sur les autres.
Si vous réussissez à le sentir jusque dans vos tripes et la moelle de vos os, cela changera votre vie pour le meilleur. Et changera la vie des autres pour le meilleur aussi.
Ceci est une traduction d’un article de Rick Hanson, paru le 1er juin 2021. Pour lire la version originale en anglais, cliquez ICI [https://www.rickhanson.net/kindness]
* “Just One Thing” est newsletter gratuite (en anglais) dans laquelle Rick Hanson propose chaque semaine une pratique simple qui vous apportera plus de joie, des relations plus épanouissantes et une plus grande tranquillité d’esprit et de cœur.
Ces pratiques sont fondées sur les neurosciences, la psychologie positive et les pratiques contemplatives. Elles sont simples et faciles à mettre en œuvre et elles produisent de puissants résultats. Par exemple, une pratique vous demande de prendre quelques minutes chaque jour pour remarquer les petites choses que vous appréciez ou dont vous êtes reconnaissant, comme l’odeur d’une orange, le sourire d’un ami ou le sentiment de votre propre sincérité et de vos bonnes intentions. Cela peut sembler peu, mais des recherches ont montré que cette pratique améliorait votre humeur, vous protégeait contre le stress et renforçait même votre système immunitaire.
Nous sommes tellement occupés ces jours-ci qu’il est formidable de n’avoir qu’une seule chose sur laquelle se concentrer : un thème simple chaque semaine pour réfléchir et s’inspirer. Il s’agit de pratiques personnelles : personne n’a besoin de savoir que vous les pratiquez. En attendant, vous renforcerez progressivement vos voies neuronales de bonheur, d’amour et de sagesse.
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