Développement personnel 19mn
le mercredi 28 février 2018

La compassion : notre premier instinct

La science montre que nous sommes en fait motivés par la compassion et non par l’intérêt personnel. Des décennies de recherche clinique se sont concentrées sur la psychologie de la souffrance humaine, en nous éclairant à ce sujet. Cette souffrance, aussi désagréable qu’elle soit, a souvent aussi un côté positif auquel la recherche a moins […]

La science montre que nous sommes en fait motivés par la compassion et non par l’intérêt personnel.

Des décennies de recherche clinique se sont concentrées sur la psychologie de la souffrance humaine, en nous éclairant à ce sujet. Cette souffrance, aussi désagréable qu’elle soit, a souvent aussi un côté positif auquel la recherche a moins accordé d’attention : la compassion. La souffrance humaine s’accompagne souvent d’actes de compassion inspirants de la part de personnes souhaitant aider les autres à s’en soulager. Qu’est-ce qui a amené 26,5 % des Américains à faire du bénévolat en 2012 (selon les statistiques du Ministère américain du travail) ? Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à servir de la nourriture dans un refuge pour sans-abri, à se garer sur l’autoroute sous la pluie pour aider quelqu’un dont le véhicule est tombé en panne ou à nourrir un chat errant ?

Qu’est-ce que la compassion ?

Qu’est-ce que la compassion et en quoi est-elle différente de l’empathie ou de l’altruisme ? On confond souvent la compassion avec l’empathie. L’empathie, telle que définie par les chercheurs, est l’expérience viscérale ou émotionnelle des sentiments d’une autre personne. C’est, en quelque sorte, un reflet automatique de l’émotion d’un autre, comme lorsqu’on se met à pleurer face à la tristesse d’un ami. L’altruisme est une action qui profite à quelqu’un d’autre. Il peut être accompagné d’empathie et de compassion ou non, comme par exemple dans le cas d’un don fait uniquement à des fins fiscales. Bien que ces termes soient liés à la compassion, ils ne sont pas identiques. Bien sûr, la compassion implique souvent une réponse empathique et un comportement altruiste. Cependant, la compassion est définie comme la réponse émotionnelle lorsqu’on perçoit la souffrance et implique un désir authentique d’aider celui qui souffre.

La compassion est-elle naturelle ou acquise ?

Bien que les économistes affirment depuis longtemps le contraire, un nombre croissant de preuves suggère qu’au fond d’eux, tant les animaux que les êtres humains ont ce que Dacher Keltner de l’Université de Californie à Berkeley, appelle un « instinct de compassion ». En d’autres termes, la compassion est une réponse naturelle et automatique qui a assuré notre survie. Des recherches de Jean Decety, de l’Université de Chicago, ont montré que même les rats sont poussés à avoir de la compassion pour un autre rat souffrant et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour l’aider à régler son problème. Des études avec des chimpanzés et des nourrissons humains trop jeunes pour avoir appris les règles de la politesse corroborent également ces affirmations. Michael Tomasello et d’autres scientifiques de l’Institut Max Planck en Allemagne ont découvert que les nourrissons et les chimpanzés aident spontanément les autres et surmontent même des obstacles pour y parvenir. Ils le font apparemment par motivation intrinsèque sans s’attendre à une récompense. Une étude récente qu’ils ont menée indique que le diamètre des pupilles des nourrissons (une mesure de l’attention) diminue à la fois lorsqu’ils aident et lorsqu’ils voient quelqu’un d’autre aider un autre individu, ce qui suggère qu’ils n’aident pas simplement parce qu’aider est gratifiant. Il semblerait que le fait même que de la souffrance ait été allégée apporte un sentiment de récompense – qu’ils s’engagent ou non dans le comportement d’aide eux-mêmes. Des recherches récentes menées par David Rand de l’Université de Harvard montrent que la première impulsion des adultes et des enfants est d’aider les autres. En fait, lorsque nous sommes sous pression, notre première impulsion est d’aider les autres, suggère Francesca Righetti de l’université VU d’Amsterdam. Les recherches de Dale Miller à la Graduate School of Business de Stanford suggèrent que c’est aussi le cas chez les adultes, mais il semblerait que la crainte d’être perçus comme agissant par intérêt personnel puisse les empêcher de suivre cette impulsion de porter secours à autrui.

Il n’est pas surprenant que la compassion soit une tendance naturelle puisqu’elle est essentielle à la survie humaine. Comme l’a mis en lumière Keltner, le terme « survie du plus fort », souvent attribué à Charles Darwin, a en fait été inventé par Herbert Spencer et les darwinistes sociaux qui voulaient justifier les concepts de supériorité de classe et de race. Un fait moins connu est que l’œuvre de Darwin serait mieux décrite par l’expression « survie du plus gentil ». En effet, dans La descendance de l’homme et la sélection sexuelle, Darwin soutenait qu’il n’y avait pas de plus grand instinct ou de plus grande motivation que « la plus grande force de l’instinct social ou maternel ». Dans un autre passage, il commentait que « les communautés qui comprendraient le plus grand nombre de membres les plus bienveillants, s’épanouiraient le mieux et élèveraient le plus grand nombre de descendants ». La compassion pourrait effectivement être un trait évolutif et adaptatif naturel. Sans elle, la survie et l’épanouissement de notre espèce auraient été peu probables.

Un autre signe qui suggère que la compassion soit un trait évolutif adaptatif est qu’elle nous rend plus attirants pour les partenaires potentiels. Une étude examinant la qualité la plus prisée chez les partenaires potentiels suggère que, pour les hommes comme pour les femmes, il s’agirait de la « gentillesse ».

Les bienfaits surprenants de la compassion pour la santé physique et psychologique

La compassion pourrait avoir assuré notre survie en raison de ses immenses bienfaits tant pour la santé physique et mentale que pour le bien-être général. Les recherches d’Ed Diener, éminent chercheur en psychologie positive et lauréat du prix James Fellow décerné par l’Association for Psychological Science (APS), et de Martin Seligman, pionnier de la psychologie du bonheur et de l’épanouissement humain et lauréat du prix James McKeen Cattell décerné par l’APS, suggèrent que le fait d’être en lien avec les autres de manière significative nous aide à jouir d’une meilleure santé mentale et physique et accélère le rétablissement physique. De plus, des recherches menées par Stephanie Brown, de l’Université Stony Brook, et par Sara Konrath, de l’Université du Michigan, ont montré que cela pourrait même prolonger notre durée de vie.

L’une des raisons pour lesquelles un mode de vie compatissant mènerait à un plus grand bien-être psychologique est que l’acte de donner fait autant plaisir, sinon plus, que l’acte de recevoir. Une étude d’imagerie cérébrale dirigée par le neuroscientifique Jordan Grafman des National Institutes of Health(instituts nationaux de la santé) a montré que les « centres de plaisir » du cerveau, c’est-à-dire les parties du cerveau qui sont actives lorsque nous éprouvons du plaisir (induit par exemple par la dégustation d’un dessert, par l’argent ou par le sexe), sont tout aussi actives lorsque nous observons quelqu’un donner de l’argent à une organisation caritative que lorsque nous recevons de l’argent nous-mêmes ! Donner aux autres augmente même le bien-être au-delà de ce que nous éprouvons lorsque nous dépensons de l’argent pour nous-mêmes. Dans le cadre d’une expérience révélatrice menée par Elizabeth Dunn à l’Université de la Colombie-Britannique, les participants ont reçu une somme d’argent, la moitié des participants ayant reçu l’ordre de dépenser l’argent pour eux-mêmes et l’autre moitié ayant reçu l’ordre de le dépenser pour quelqu’un d’autre. À la fin de l’étude, qui a été publiée dans la revue scientifique Science, les participants qui avaient dépensé de l’argent pour quelqu’un d’autre se sentaient beaucoup plus heureux que ceux qui avaient dépensé de l’argent pour eux-mêmes.

Cela est vrai même pour les nourrissons. Une étude menée par Lara Aknin et ses collègues de l’Université de la Colombie-Britannique montre que même chez les enfants aussi jeunes que deux ans, le fait de donner des gâteries à d’autres personnes augmente le bonheur des donneurs plus que d’en recevoir eux-mêmes. Chose plus surprenante encore, ce constat, que le fait de donner nous rend plus heureux que le fait de recevoir, est vrai dans le monde entier, dans les pays riches comme dans les pays pauvres. Une nouvelle étude d’Aknin, de l’Université Simon Fraser, montre que les sommes dépensées au profit d’autres personnes (plutôt que pour des avantages personnels) étaient fortement corrélés au bonheur personnel, ceci indépendamment du revenu, du soutien social, de la liberté perçue et de la perception de la corruption nationale.

Pourquoi la compassion est-elle bonne pour nous ?

Pourquoi la compassion engendre-t-elle des bienfaits pour la santé en particulier ? Une nouvelle étude fascinante menée par Steve Cole, de l’Université de Californie à Los Angeles, et par Barbara Fredrickson, de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, semble nous apporter des pistes. Les résultats de leur étude ont été rapportés à la conférence inaugurale sur la science de la compassion du Centre pour la recherche et l’éducation sur la compassion et l’altruisme (Center for Compassion and Altruism Research and Education – CCARE) de la Stanford Medical School en 2012. Leur étude a évalué les niveaux d’inflammation cellulaire chez des personnes se décrivant comme « très heureuses ». L’inflammation est à l’origine du cancer et d’autres maladies et est généralement élevée chez les personnes qui ont beaucoup de stress. On pourrait s’attendre à ce que l’inflammation soit plus faible chez les personnes ayant un niveau de bonheur plus élevé. Or Cole et Fredrickson ont constaté que ce n’était le cas que pour certaines de ces personnes « très heureuses ». Ils ont découvert que les gens qui étaient heureux parce qu’ils vivaient une « vie de plaisirs » (parfois aussi connue sous le nom de « bonheur hédonique ») avaient des niveaux d’inflammation élevés mais que ceux qui étaient heureux parce qu’ils vivaient une vie de but ou de sens (parfois aussi connu sous le nom de « bonheur eudémonique ») avaient de faibles niveaux d’inflammation. Une vie de sens et de but est une vie qui se concentre moins sur sa propre satisfaction que sur la satisfaction des autres. C’est une vie empreinte de compassion, d’altruisme et de sens plus profond.

Une autre façon dont un mode de vie compatissant pourrait améliorer la longévité serait en modérant les effets du stress. Une nouvelle étude menée auprès d’une population nombreuse (plus de 800 personnes) par Michael Poulin de l’Université de Buffalo, a révélé que le stress n’était pas un facteur qui prédisait la mortalité chez ceux qui aidaient les autres, mais qu’il l’était chez ceux qui n’aidaient pas les autres. L’une des raisons pour lesquelles la compassion pourrait protéger contre le stress serait le fait même qu’elle nous procure un tel plaisir. La motivation, cependant, semble jouer un rôle important dans la prévision de l’impact bénéfique d’un mode de vie compatissant sur la santé. Sara Konrath, de l’Université du Michigan, a découvert que les gens qui faisaient du bénévolat vivaient plus longtemps que leurs pairs non bénévoles – mais seulement si leurs raisons de faire du bénévolat étaient altruistes plutôt que intéressées.

Une autre raison pour laquelle la compassion pourrait stimuler notre bien-être serait liée à sa capacité à nous aider à élargir notre perspective au-delà de nous-mêmes. Les recherches montrent que la dépression et l’anxiété sont liées à un état de concentration sur soi, une préoccupation avec « je, moi et moi-même ». Cependant, lorsque l’on fait quelque chose pour quelqu’un d’autre, cet état de concentration sur soi se transforme en un autre état de concentration. Souvenez-vous d’un moment où vous aviez le cafard et que soudain, un ami proche ou un parent vous a appelé parce qu’il avait besoin d’aide d’urgence pour résoudre un problème; vous vous rappellerez peut-être qu’au fur et à mesure que votre attention s’est focalisée sur eux pour les aider, votre humeur s’est améliorée. Plutôt que de vous sentir déprimé, vous vous êtes peut-être senti plein d’énergie pour les aider ; avant même de vous en rendre compte, il se peut même que vous vous soyez senti mieux et que vous ayez pris du recul par rapport à votre propre situation.

Enfin, une autre façon pour la compassion de rehausser notre bien-être est d’accroître le sentiment de lien avec les autres. Une étude révélatrice a montré que le manque de lien social est plus préjudiciable à la santé que l’obésité, le tabagisme et l’hypertension artérielle. D’un autre côté, des liens sociaux forts entraînent une augmentation de 50 pour cent des chances de longévité. Les liens sociaux renforcent notre système immunitaire (les recherches de Cole montrent que les gènes influencés par les liens sociaux codent également pour la fonction immunitaire et l’inflammation), nous aident à guérir plus rapidement de la maladie et peuvent même prolonger notre vie. Les personnes qui se sentent plus liées aux autres ont des taux moins élevés d’anxiété et de dépression. De plus, les études montrent qu’ils ont aussi une plus grande estime d’eux, qu’ils ont plus d’empathie envers les autres, qu’ils font plus confiance et qu’ils sont plus coopératifs et, par conséquent, que les autres sont plus enclins à leur faire confiance et à coopérer avec eux. Le fait de se sentir en lien avec les autres génère donc une réaction positive au niveau du bien-être social, émotionnel et physique. Malheureusement, l’inverse est également vrai pour ceux qui n’ont pas de liens sociaux. Le fait d’avoir des liens sociaux faibles est généralement associé à un déclin de la santé physique et psychologique, ainsi qu’à une plus grande propension au comportement antisocial qui mène à un isolement accru. Adopter un mode de vie compatissant ou cultiver la compassion peut aider à renforcer les liens sociaux et à améliorer la santé physique et psychologique.

Pourquoi la compassion a-t-elle vraiment la capacité de changer le monde ?

Pourquoi la vie de gens comme Mère Teresa, Martin Luther King, Jr. et Desmond Tutu est-elle si inspirante ? Les recherches de Jonathan Haidt, membre de l’APS à l’Université de Virginie, suggèrent que le fait de voir quelqu’un aider une autre personne crée un état d’élévation au niveau de l’esprit. Avez-vous déjà été ému aux larmes en voyant le comportement affectueux et compatissant de quelqu’un ? Les données de Haidt suggèrent que cet état d’élévation nous inspire à aider les autres – et ce n’est peut-être que la force derrière une réaction en chaîne du don. Haidt a montré que les dirigeants d’entreprise qui adoptent un comportement d’abnégation suscitant un état d’élévation chez leurs employés exercent de fait une plus grande influence sur ces derniers, qui s’engagent davantage dans leur travail et peuvent à leur tour agir avec plus de compassion sur leur lieu de travail. En effet, la compassion est contagieuse. Les chercheurs en sciences sociales James Fowler de l’Université de Californie, San Diego, et Nicholas Christakis de l’université de Harvard ont démontré que le fait d’aider est contagieux : les actes de générosité et de gentillesse engendrent plus de générosité dans une réaction en chaîne de bonté. Vous avez peut-être vu l’un des reportages récents sur les réactions en chaîne qui se produisent lorsque quelqu’un paie le café des chauffeurs qui les suivent dans un restaurant « drive » ou à un poste de péage sur l’autoroute. Les gens gardent le comportement généreux pendant des heures. Nos actes de compassion élèvent les autres et les rendent heureux. Les recherches de Fowler et Christakis ont montré que le bonheur se répand et que si les gens autour de nous sont heureux, nous devenons à notre tour plus heureux.

Cultiver la compassion

Bien que la compassion semble être un instinct qui ait évolué naturellement, il est parfois utile de s’y entraîner. Un certain nombre d’études ont maintenant montré qu’une variété de pratiques de méditation fondées sur la compassion et la bienveillance, dérivées pour la plupart des pratiques bouddhistes traditionnelles, peuvent aider à cultiver la compassion. Cultiver la compassion ne nécessite pas des années d’études et peut être suscitée assez rapidement. Dans une étude que Cendri Hutcherson, du California Institute of Technology, et moi-même avons menée en 2008 avec James Gross de l’APS à Stanford, nous avons constaté qu’une intervention de sept minutes suffisait à accroître les sentiments d’intimité et de connexion avec la cible de la méditation sur les deux mesures explicites, mais aussi sur les mesures implicites que les participants ne pouvaient pas contrôler volontairement, ce qui suggère que leur sentiment de connexion avait changé à un niveau profond. Fredrickson a testé une formation de méditation de neuf semaines axée sur la bienveillance et a découvert que les participants ont éprouvé davantage d’émotions positives, moins de symptômes dépressifs et une plus grande satisfaction de vie. Un groupe dirigé par Sheethal Reddy à Emory avec des enfants en famille d’accueil a montré qu’une intervention portant sur la compassion a augmenté l’espoir chez les enfants. Dans l’ensemble, la recherche sur les interventions portant sur la compassion révèle une amélioration au niveau du bien-être psychologique, de la compassion et des liens sociaux.

En plus des mesures du questionnaire, les chercheurs constatent que les interventions portant sur la compassion ont également un impact sur le comportement. Tania Singer et son équipe de l’Institut Max Planck ont mené une étude sur les effets des formations à la compassion sur le comportement pro-social. Ces chercheurs ont mis au point le Zurich Prosocial Game (jeu prosocial de Zurich), qui a la capacité de mesurer le comportement prosocial d’un individu plusieurs fois, contrairement à de nombreuses autres tâches prosociales qui ne mesurent le comportement prosocial chez les individus qu’une seule fois. Singer a découvert qu’une formation à la compassion sur une journée a en fait augmenté le comportement prosocial des individus au niveau du jeu. Un fait intéressant : le type de méditation semble avoir moins d’importance que l’acte de méditer lui-même. Condon, Miller, Desbordes et DeSteno (sous presse) ont découvert que les cours de méditation de huit semaines ont amené les participants à agir avec plus de compassion envers une personne qui souffre (par exemple en cédant leur siège à quelqu’un avec des béquilles) – quel que soit le type de méditation qu’ils ont pratiquée (par exemple pleine conscience ou compassion).

D’autres recherches sont nécessaires pour comprendre exactement comment l’entraînement àlacompassion améliore le bien-être et favorise les comportements altruistes. Des recherches menées par Antoine Lutz et Richard Davidson, de l’Université du Wisconsin-Madison, ont révélé que, pendant la méditation, les participants font preuve d’un meilleur traitement des émotions dans les régions cérébrales liées à l’empathie en réponse à des cris émouvants. Une étude menée par Gaëlle Desbordes à l’Hôpital général du Massachusetts a montré que la compassion et un entraînement à la méditation de pleine conscience diminuent tous deux l’activité dans l’amygdale en réponse aux images émotionnelles. Ceci suggère que la méditation en général peut aider à améliorer la régulation des émotions. Cependant, l’étude a montré que la méditation de compassion ne réduisait pas l’activité de l’amygdale en réponse aux images de souffrance humaine, suggérant que la méditation de compassion augmente la réaction des individus à la souffrance.

En collaboration avec Thupten Jinpa, traducteur personnel du Dalaï Lama, ainsi qu’avec plusieurs psychologues de Stanford, le CCARE a développé un programme laïque de formation à la compassion appelé Compassion Cultivation Training Program (programme d’entraînement à la cultivation de la compassion). Les recherches préliminaires menées par Philippe Goldin de l’université de Stanford suggèrent qu’elle est utile pour réduire des maladies comme l’anxiété sociale et qu’elle augmente différents indicateurs de compassion. En plus d’avoir enseigné à des centaines de membres de la communauté et d’étudiants de Stanford qui ont manifesté leur intérêt, nous avons également élaboré un programme de formation des enseignants actuellement en cours.

Compte tenu de l’importance de la compassion dans notre monde d’aujourd’hui et des preuves de plus en plus nombreuses sur les bienfaits de la compassion pour la santé et le bien-être, ce domaine suscitera certainement de plus en plus d’intérêt et, espérons-le, aura un impact sur l’ensemble de notre collectivité. Le CCARE envisage un monde dans lequel, grâce à des recherches rigoureuses sur les bienfaits de la compassion : la pratique de la compassion sera perçue comme étant aussi importante pour la santé que l’exercice physique et qu’une alimentation saine ; des techniques validées empiriquement pour cultiver la compassion seront largement accessibles ; et la pratique de la compassion sera enseignée et appliquée dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, les forces armées et d’autres milieux communautaires.

Auteur : Emma M. Seppälä Ph.D.

Lu sur : https://www.psychologytoday.com/blog/feeling-it/201306/compassion-our-first-instinct