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Conscient de ne pas être conscient

Chaque instant où nous nous rendons compte que nous ne sommes pas conscients, présents, est un moment de conscience. Autrement dit – et cela paraît paradoxal – que l’on soit conscient etprésent ou conscient de ne pas être présent, il s’agit dans les deux cas d’un état de conscience, ce qui nous ramène au présent et à la présence. Et c’est un moment précieux, cet instant où, comme si l’on avait appuyé sur l’interrupteur de la lumière, on bascule de la non-conscience (mindlessness) à la conscience (mindfulness).

Devenir conscient que nous n’avons pas été conscients, l’instant après l’instant, c’est autant de petites portes qui s’ouvrent sur toute la richesse de la vie, notre propre vie intérieure et celle autour de nous, avec toute sa souffrance certes mais aussi avec toute sa beauté, sa magie et ses miracles. Cette conscience passe par l’attention, celle qui nous ramène des égarements de notre esprit, celle qui, quand elle devient stable par la pratique, nous permet d’être conscient de ce qui est réel … Et du coup le monde ne semble plus tout à fait pareil car la conscience « perçoit » les choses sous tous les angles, de l’intérieur comme de l’extérieur. La conscience est la lumière qui révèle ce qui est là, pénétrant l’obscurité, où résident souvent des trésors.

Alors, que ce soit dans une méditation ou bien dans tout instant de notre vie réveillée, les moments où nous réalisons que nous avons été ailleurs (un repas avalé trop vite, une personne que l’on n’a pas vraiment écoutée, une rumination incessante, …), sont des moments où, loin de nous juger d’avoir été « encore absent », nous pouvons simplement apprécier le fait d’être revenu. Le critique interne qui à cet instant apparaît peut-être, parfois, pour juger notre difficulté voir notre incapacité à rester présent ou à « bien » méditer est en fait le bienvenu. Oui, encore un paradoxe ou du moins surprenant pour beaucoup d’entre nous : au lieu de le bannir (ce qui est bien sûr impossible) nous accueillons ce visiteur afin qu’il puisse demeurer dans le champ de notre conscience.

Là, reçu avec curiosité et compassion, il perd de son emprise sur nous. Et l’émotion et les pensées qu’il suscite sont de la même manière accueillis dans ce même champ de conscience. Peut-être que cela provoque de l’agitation, l’envie impérative de bouger ou
de faire autre chose, peut-être un doute sur la valeur de la pratique méditative (« ça ne sert à rien ») ou de cette chose que l’on appelle « pleine conscience », ou sur notre capacité de s’y tenir (« ce n’est pas pour moi », « je n’y arrive pas ») … Mais la conscience de tous ces phénomènes en train de se dérouler est la pratique, c’est justement de çaqu’il s’agit. Alors un grand OUI à tous ces moments où nous réalisons que nous n’avons pas été présents et conscients, c’est ça la pratique de la pleine conscience.