Par Rick Hanson
Nourrir le loup de l’amour.
Une pratique « JOT»* proposée par Rick Hanson
Pourquoi ?
On m’a un jour raconté une histoire dans laquelle on demandait à une aînée, une grand-mère, ce qu’elle avait fait pour devenir si heureuse, si sage, si aimée et respectée. Elle répondait : “C’est parce que je sais qu’il y a deux loups dans mon cœur, le loup de l’amour et le loup de la haine. Et je sais que tout dépend de celui que je nourris chaque jour”.
Cette histoire me donne des frissons à chaque fois que j’y pense. Qui parmi nous n’a pas dans son cœur ces deux loups ?
Je sais que j’en ai un, y compris le loup de la haine, qui se manifeste tant par de petites choses que par de grandes, comme par exemple lorsque je deviens critique, irritable, insistant ou argumentatif. Même si ce n’est que dans ma tête – et parfois, clairement, ça s’échappe à l’extérieur.
Nous avons ces deux loups parce que nous les avons fait évoluer, parce que les deux loups étaient nécessaires pour garder nos ancêtres en vie.
Jusqu’à il y a à peine 10 000 ans, pendant des millions d’années, les primates, les hominidés et les premiers humains vivaient en groupes de chasseurs-cueilleurs qui se reproduisaient principalement au sein de la tribu, tout en disputant aux autres tribus les rares ressources disponibles. Par conséquent, ont été transmis des gènes qui favorisaient une meilleure coopération au sein d’une même tribu et une meilleure agressivité entre les tribus. Le loup de l’amour et le loup de la haine sont tissés dans l’ADN humain.
Les groupes gardaient leurs distances entre eux et souvent, lorsqu’ils se rencontraient, ils se battaient. Par exemple, des chercheurs ont découvert qu’environ 12 à 15 % des hommes chasseurs-cueilleurs sont morts dans des conflits entre tribus, alors que ” seulement ” 1 % des hommes sont morts dans les nombreuses guerres sanglantes du XXe siècle.
Il est donc naturel de craindre l’étranger, qui, à l’âge de pierre, sans police dans les parages, représentait souvent une menace de mort. L’impulsion était alors de « les » déshumaniser et de « les » attaquer et cela a fonctionné ainsi (en termes de transmission de gènes) pendant des millions d’années.
Aujourd’hui, vous pouvez observer le loup de la haine tout autour de nous, dans des pensées, des paroles et des actions. Par exemple, dès que nous voyons l’autre comme « ne faisant pas partie de ma tribu » , que ce soit à la maison ou au travail ou au journal télévisé du soir, le loup de la haine lève la tête et cherche le danger. Et si nous nous sentons menacés, maltraités ou désespérés, le loup de la haine bondit et cherche quelqu’un sur qui hurler ou quelqu’un à mordre.
Alors que le loup de la haine était vital dans le Serengeti (grand parc national situé dans le nord de la Tanzanie (Afrique de l’Est), aujourd’hui, il engendre l’aliénation et la colère, des ulcères et des maladies cardiaques ainsi que des conflits avec les autres, à la maison comme au travail.
Et à plus grande échelle, avec 7 milliards de personnes entassées sur cette planète – où une mutation de grippe à Hong Kong se transforme en épidémie mondiale, où des problèmes bancaires en Grèce mettent à mal l’économie mondiale, où des émissions carbone dans un pays réchauffent le monde entier – lorsque nous « les » craignons, « les » déshumanisons ou « les » attaquons, cela revient généralement comme un booemrang pour « nous » blesser.
Comment ?
Alors, qu’allons-nous faire ?
Nous ne pouvons pas tuer le loup de la haine, car le haïr ne fait que le nourrir. Nous avons plutôt besoin de contrôler ce loup et de canaliser sa puissance vers des formes saines de protection et d’affirmation de soi. Et nous avons besoin d’arrêter de le nourrir avec nos peurs et nos colères.
En attendant, nous avons besoin de nourrir le loup de l’amour. Cela nous rendra plus forts à l’intérieur, plus patients et moins rancuniers, contrariés ou agressifs. Nous éviterons les conflits inutiles, nous traiterons mieux les gens et nous serons moins une menace pour les autres. Nous serons alors dans une position plus forte pour être mieux traités par eux.
Il existe de nombreuses façons de nourrir le loup de l’amour :
Nous pouvons le nourrir en intégrant le positif de nos expériences quotidiennes, celles dans lesquelles nous nous sentons vu et apprécié, lorsque l’on sent que l’on compte pour l’autre, ou quand nous nous sentons chéri et aimé.
Nous pouvons nourrir le loup de l’amour en pratiquant la compassion pour nous-mêmes et pour les autres et en laissant ces expériences de compassion prénétrer notre cœur.
Nous pouvons nourrir le loup de l’amour en reconnaissant le positif chez les autres – pour ensuite accueillir l’expérience de la bonté chez les autres.
De même, nous pouvons nourrir le loup de l’amour en ressentant la bonté dans notre propre cœur, puis en intégrant profondément ce sentiment de vraiment être une bonne personne – pas une personne parfaite, mais une bonne personne.
Enfin, nous pouvons nourrir le loup de l’amour en voyant le bon dans le monde et le bon dans cet avenir que nous pouvons construire ensemble – face à tous ces messages sombres et désespérés ces derniers temps.
En d’autres termes, nous nourrissons le loup de l’amour avec du cœur et de l’espoir. Nous nourrissons ce loup en entretenant notre perception de ce qui est bon chez les autres, bon chez nous, de ce qui est déjà bon dans notre monde et de ce qui pourrait être encore meilleur dans un monde que nous pouvons construire ensemble.
Pour ce faire, nous devons rester forts, nous accrocher à ce que nous savons être vrai malgré la tendance du cerveau à se concentrer sur les menaces et les pertes, et malgré les manipulations séculaires de divers groupes qui utilisent la peur et la colère – qui nourrissent le loup de la haine – pour gagner ou conserver richesse et pouvoir.
Alors, restons forts et accrochons nous au bon qui existe tout autour de nous et en nous.
Restons forts et cramponons-nous au bon qui peut exister, au bon que nous pouvons nourrir et que nous pouvons construire dans ce monde.
Restons forts et accrochons-nous les uns aux autres.
Restons assez forts pour accueillir le bon qui nourrit chaque jour le loup de l’amour.
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* “Just One Thing” est newsletter gratuite (en anglais) dans laquelle Rick Hanson propose chaque semaine une pratique simple qui vous apportera plus de joie, des relations plus épanouissantes et une plus grande tranquillité d’esprit et de cœur.
Ces pratiques sont fondées sur les neurosciences, la psychologie positive et les pratiques contemplatives. Elles sont simples et faciles à mettre en œuvre et elles produisent de puissants résultats. Par exemple, une pratique vous demande de prendre quelques minutes chaque jour pour remarquer les petites choses que vous appréciez ou dont vous êtes reconnaissant, comme l’odeur d’une orange, le sourire d’un ami ou le sentiment de votre propre sincérité et de vos bonnes intentions. Cela peut sembler peu, mais des recherches ont montré que cette pratique améliorait votre humeur, vous protégeait contre le stress et renforçait même votre système immunitaire.
Nous sommes tellement occupés ces jours-ci qu’il est formidable de n’avoir qu’une seule chose sur laquelle se concentrer : un thème simple chaque semaine pour réfléchir et s’inspirer. Il s’agit de pratiques personnelles : personne n’a besoin de savoir que vous les pratiquez. En attendant, vous renforcerez progressivement vos voies neuronales de bonheur, d’amour et de sagesse.
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