Par Rick Hanson
Qui est en dehors de votre cercle? Nous sommes « Eux »
Une pratique « JOT»* proposée par Rick Hanson
Pourquoi ?
Par Nous sommes « Eux », j’entends trouver un point commun avec chaque personne – en particulier avec celles que vous craignez ou contre lesquelles vous êtes en colère ou qui sont simplement très différentes de vous. De nos jours, cette pratique est plus importante que jamais.
Au cours des 300 000 dernières années, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, nos ancêtres humains vivaient en petits groupes d’environ 50 personnes, et ils ont survécu en étant capables de s’occuper des gens de leur groupe de travailler avec eux – avec «nous» – tout en étant capables d’avoir peur et d’agresser les personnes extérieures à leur groupe, «eux». Et avant cela, durant 2 millions d’années, nos ancêtres hominidés ont vécu et évolué sous une pression similaire.
C’est une très longue période. Au cours des 10 000 dernières années, l’agriculture a produit des excédents alimentaires permettant à des groupes plus importants de se constituer et ce même schéma tribal s’est répété à plus grande échelle. Bien qu’il existe des exemples encourageants de personnes qui se mettent au service d’étrangers, la plupart d’entre nous sont vulnérables aux anciens battements des tambours du grief et de la vengeance – aujourd’hui amplifiés par les technologies modernes comme les réseaux sociaux.
Et ce n’est pas seulement réservé au monde politique. Vous pouvez remarquer ce sentiment d’être séparé des autres lorsque, en marchant dans la rue, vous faites le tri rapide entre les gens «comme moi» et ceux «différents de moi». Vous pouvez le voir dans les luttes de pouvoir en entreprise ou les disputes familiales. L’intérieur et l’extérieur du groupe, les licenciements abusifs, le rejet dans la colère, le dédain facile. Vous pouvez voir votre esprit réduire rapidement une autre personne à une figure à deux dimensions alors que vous campez sur votre position et votre propre identité – même lorsque cette personne est votre compagnon ou compagne bien-aimé.
Vous-même, vous savez ce que cela fait de devenir l’«autre» : être ignoré, écarté, utilisé, attaqué ou rejeté. Ce n’est pas agréable du tout.
Inclure les autres dans un « nous », c’est voir notre humanité commune, reconnaître que nous voulons tous avoir du plaisir et que nous craignons la douleur, que nous sommes tous fragiles, que nous souffrons et nous mourrons tous, que chacun de nous sera un jour séparé d’une manière ou d’une autre de tout ce que nous aimons. En voyant cela et les liens profonds qui nous unissent, la tension dans notre corps du fait de notre vigilance s’atténue. Vous voyez alors les autres plus différemment et vous pouvez être plus efficace avec eux, même ceux avec qui vous êtes en forte opposition. Et lorsque vous ne vous sentez pas inutilement menacé, vous êtes moins susceptible d’être inutilement menaçant.
Comment ?
Prenez un peu de temps pour sentir consciemment ce que cela fait d’être «moi»… de faire partie d’un «nous»… de voir ceux qui sont «eux». Ensuite, soyez conscient du moment où votre esprit catégorise les autres comme faisant partie de «nous» ou d’«eux».
Ils peuvent être assez subtils mais conséquents, ces moments où nous détournons le regard, perdons l’empathie, avons des opinions toutes faites, discriminons, rejetons ou punissons. Lorsque vous remarquez que vous, tout comme moi, recommencez à voir les autres comme étant différents, séparés, essayez d’arrêter d’alimenter ce processus, prenez du recul, faites baisser la colère, voyez la situation dans son ensemble, l’ensemble plus vaste qui vous contient, vous et l’autre personne, en un seul «nous». Imprégnez-vous du fait que vous pouvez toujours défendre vos droits et protéger ceux qui vous sont chers sans déshumaniser les autres en «eux».
Au fil de votre journée, voyez les similitudes entre vous et les autres. Par exemple, lorsque vous voyez un étranger marcher dans la rue, prenez 20 secondes pour le regarder et dites-vous : «Oh, il est comme moi. Il a mal au dos comme moi, il aime ses enfants comme moi, il ressent lui aussi de la joie et de la peine.» Essayez ceci en particulier avec des personnes qui semblent très différentes de vous et avec des personnes qui appartiennent à des groupes dont vous vous méfiez, que vous craignez ou que vous détestez. Remarquez les effets de cette pratique sur vous – probablement une ouverture du cœur, un apaisement et même un sentiment de force.
Imaginez également une sorte de cercle qui vous inclut, vous et d’autres personnes que vous aimez… puis élargissez progressivement ce cercle… en incluant progressivement des personnes que vous connaissez mais qui sont moins proches… en incluant des personnes que vous ne connaissez pas mais qui vous ressemblent d’une certaine manière… puis en incluant des personnes qui ne vous ressemblent pas… en incluant finalement des gens que vous n’aimez pas, qui vous ont peut-être fait du mal ou qui en ont fait à d’autres, sachant que vous n’avez pas besoin d’être d’accord pour reconnaître leur humanité commune. Prenez votre temps, faites preuve de compassion pour vous-même et pour les autres et n’élargissez le cercle que dans la mesure où cela vous semble vrai et juste. Soyez conscient de quelque chose qui s’adoucit en vous, de vos défenses qui lâchent et que vous vous redressez, d’un élargissement de votre perspective. Reposez-vous dans ces ressentis et profitez-en.
Vous pouvez également jouer avec ce sentiment d’être un «nous» pour les autres. Commencez par ceux qui vous incluent naturellement et remarquez ce que vous ressentez. Ensuite, vous pouvez essayer avec des personnes qui ne voient peut-être pas au départ leur point commun avec vous et, le cas échéant, vous pouvez faire de petites choses simples pour établir des similitudes et des liens, comme découvrir si vous avez tous les deux des enfants ou que vous avez tous les deux un sens de l’humour ou simplement que vous ne vous voulez pas de mal.
C’est souvent par ces moyens simples que des ponts se construisent entre nous, que les cercles s’élargissent et que nous en venons à vivre ensemble en paix.
Ceci est une traduction d’un article de Rick Hanson, paru le 2 février 2021. Pour lire la version originale en anglais, cliquez ICI [https://www.rickhanson.net/us-all-thems/]
* “Just One Thing” est newsletter gratuite (en anglais) dans laquelle Rick Hanson propose chaque semaine une pratique simple qui vous apportera plus de joie, des relations plus épanouissantes et une plus grande tranquillité d’esprit et de cœur.
Ces pratiques sont fondées sur les neurosciences, la psychologie positive et les pratiques contemplatives. Elles sont simples et faciles à mettre en œuvre et elles produisent de puissants résultats. Par exemple, une pratique vous demande de prendre quelques minutes chaque jour pour remarquer les petites choses que vous appréciez ou dont vous êtes reconnaissant, comme l’odeur d’une orange, le sourire d’un ami ou le sentiment de votre propre sincérité et de vos bonnes intentions. Cela peut sembler peu, mais des recherches ont montré que cette pratique améliorait votre humeur, vous protégeait contre le stress et renforçait même votre système immunitaire.
Nous sommes tellement occupés ces jours-ci qu’il est formidable de n’avoir qu’une seule chose sur laquelle se concentrer : un thème simple chaque semaine pour réfléchir et s’inspirer. Il s’agit de pratiques personnelles : personne n’a besoin de savoir que vous les pratiquez. En attendant, vous renforcerez progressivement vos voies neuronales de bonheur, d’amour et de sagesse.
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